En normes IFRS, la place prise par les estimations de valeur dans les états financiers, notamment au travers des techniques d’actualisation de flux futurs (DCF), confèrent aux taux d’actualisation un rôle essentiel. En provenance des techniques d’allocation de capital et de contrôle de gestion, la mise en œuvre de méthodes d’évaluation recourant à l’actualisation a toujours posé le défi de la mise en pratique des théories sous-jacentes. Cette difficulté n’a pas disparu lorsque la comptabilité a emprunté aux techniques d’ingénierie financière.

Dans leur rapport de recherche à l’Autorité des normes comptables (ANC), Véronique Blum et Pierre Thérond ont cherché à comprendre dans quelle mesure combler l’écart entre les théories et les pratiques demeure un défi pour les praticiens de la comptabilité. Pour cela, ils ont récolté des données sur la manière dont les comptables agissent et réagissent dans les situations qui requièrent de déterminer des taux d’actualisation.

Du point de vue des utilisateurs d’états financiers, les taux d’actualisation fournissent une information utile pour apprécier des évaluations de juste valeur qui reposent sur des techniques de type DCF (« discounted cash-flows »). Il est légitime d’attendre de cette information utile qu’elle soit conforme au framework IFRS, tel que défini par l’IASB. Le cadre conceptuel de référence, récemment révisé, indique qu’une information utile doit avoir des caractéristiques d’une représentation pertinente et de fidèle. Il établit également une liste de caractéristiques qualitatives : comparabilité, vérifiabilité, actualité et compréhensibilité. Enfin, il identifie la contrainte suivante : « Les avantages obtenus de l’information doivent être supérieurs au coût qu’il a fallu consentir pour la produire ».

En se fondant sur des entretiens, en observant les stratégies mises en œuvre par les praticiens (préparateurs) pour se conformer aux exigences des IFRS, sur les sujets mobilisant des techniques d’actualisation, les auteurs mettent en lumière le manque d’outils et de conventions permettant aux praticiens d’assurer une juste représentation des évaluations prospectives. Il ressort que la complexité et l’asymétrie des scénarios sont difficilement capturables par une évaluation unique.

Sur la base de ces résultats, ils formulent des recommandations au normalisateur pour améliorer les informations en annexe, relatives aux montants comptabilisés issus de techniques d’actualisation.

Celles-ci se résument comme suit :

Recommandation n°1 : Les IFRS pourraient fournir plus d’informations sur les mesures d’évaluation requises, en expliquant les objectifs et les concepts.

Recommandation n°2 : Un vocabulaire plus précis devrait être utilisé.

Recommandation n°3 : L’IASB pourrait identifier et hiérarchiser les sources d’information.

Recommandation n°4 : L’IASB devrait généraliser la possibilité d’utiliser de courbes de taux d’actualisation (en précisant leur provenance)

Recommandation n°5 : Les notions de coût des fonds propres et de coût du capital devraient être clarifiées, lorsque cela est nécessaire.

Recommandation n°6 : Les risques pourraient être mieux appréhendés dans les flux de trésorerie projetés, au lieu d’être matérialisé par une prime de risque, dans l’actualisation.

Recommandation n°7 : Les risques pourraient être mieux appréhendés dans les flux de trésorerie, au moyen d’approches stochastiques.

Recommandation n°8 : L’utilisation de l’évaluation prospective devrait être mieux guidée.

Pour plus d’informations, consultez le rapport ICI.