Communications IFRS 17 : un niveau de détail et une clarté accrus

Les rapports financiers IFRS 17 que nous avons étudiés ont gagné en clarté et en niveau de détail.

D’un point de vue normatif, IRFS 17 impose des méthodes plus détaillées et une divulgation plus complète des risques et des hypothèses utilisées dans les calculs, afin d’offrir une meilleure compréhension des bases de ces évaluations.

Ainsi, les efforts que faisaient certains assureurs avant l’entrée en vigueur d’IFRS 17 se sont généralisés. Aujourd’hui, quasiment tous les assureurs de notre échantillon exposent leurs résultats financiers avec une granularité plus fine qu’auparavant.

Niveau de granularité de notre échantillon

Sur les 11 assureurs étudiés, 9 (soit 80%) proposent une granularité de l’information détaillée par portefeuille d’activité. Et 10 (soit 90%) détaillent leurs résultats par zone géographique. Par exemple, Allianz et Generali détaillent la CSM (contractual service margin ou marge sur service contractuelle) par portefeuille d’activité, par méthode de transition.

L’information a gagné en homogénéité. Cela va dans le sens d’une meilleure comparabilité des performances des assureurs, objectif recherché par la norme.

Autre pratique largement adoptée : l’analyse de chaque composante du bilan IFRS 17. Cette analyse figure dans les communications financières de 70% des assureurs de notre échantillon.

Des contraintes techniques communes pour évaluer les contrats d’assurance à la transition

AXA l’indique dans son rapport semestriel : « La transition d’IFRS 4 à IFRS 17 nécessitait d’appliquer en théorie la nouvelle norme de façon totalement rétrospective, comme si elle avait été appliquée dès l’origine des contrats d’assurance en vigueur. »

En pratique, l’absence de données historiques et l’impossibilité de réaliser la modélisation depuis l’origine des contrats ont rendu l’application rétrospective complète (« FRA ») quasi impraticable.

Ainsi, les assureurs ont dans l’ensemble réservé l’approche rétrospective complète aux passifs relatifs à la période de couverture résiduelle (« LRC ») des contrats évalués selon la méthode simplifiée d’affectation des primes (« PAA ») et aux passifs relatifs aux sinistres survenus à partir de 2016.

Pour les autres groupes de contrats, la norme prévoit 2 options alternatives. Concernant les contrats Vie et Epargne « à temps long », les assureurs s’orientent vers l’approche rétrospective modifiée (« MRA ») / Approche de la juste valeur (« FVA ») marginale. Quant aux passifs relatifs aux sinistres dont la date de survenance est antérieure à 2016, l’approche de la juste valeur est retenue (« FVA »).

IFRS 17 : un effort de transparence

Les assureurs ont répondu à l’exigence de transparence formulée par la norme en faisant l’effort d’expliquer les méthodes et les hypothèses retenues, ainsi que les impacts observés. Ainsi tous les rapports des assureurs pour le 1er semestre 2023 incluent une partie explicative des principaux changements apportés par IFRS 17.

Parmi les 11 assureurs étudiés, 90% précisent les différentes hypothèses et estimations appliquées. Certains assureurs (60%) expliquent également les choix spécifiques pour les différents modèles utilisés.

Quant aux impacts de la norme sur les résultats, des graphiques comparatifs sous IFRS 4 et sous IFRS 17 et l’évolution de certains ratios permettent de les mettre en évidence chez 90% des assureurs de notre échantillon.

Communication IFRS17 : des disparités persistent

Certains assureurs ont diffusé des éléments plus spécifiques.

Ainsi, Axa et Allianz ont dévoilé un calendrier de reconnaissance de la CSM en résultat. Pour les contrats qui étaient en vigueur à la date de transition, Axa communique l’analyse, par méthode de transition, de l’échéancier attendu de comptabilisation en résultat de la CSM. Axa fait également mention de la courbe des taux utilisés, ce n’est pas le cas chez Allianz ou Generali.

Vers une meilleure appréhension des résultats par les investisseurs

Ces évolutions, tout en présentant des défis, constituent une étape importante vers une plus grande clarté et une meilleure appréhension des résultats des assureurs par les parties prenantes.

Les communications financières sur IFRS 17 incluent des analyses plus synthétiques dans la présentation des résultats ad hoc à destination des investisseurs. Y figurent les messages clés et un passage en revue des indicateurs de performance de la période écoulée. Par exemple, chez les assureurs qui se prêtent à l’exercice, l’analyse de la variation ouverture-clôture du stock de CSM comprend les items suivants – en version la plus détaillée observée :

  • Impact des affaires nouvelles
  • Impact des variables financières :
    • Intérêt capitalisé au taux d’actualisation utilisé à l’origine du contrat (modèle GMM)
    • Effet de désactualisation et écart entre le rendement attendu des hypothèses « real-world » par rapport au taux sans risque (modèle VFA)
  • Montant comptabilisé en revenu d’assurance au titre des services rendus
  • Effet des changements d’hypothèses techniques sur les flux de trésoreries futurs (« FCF »)
  • Ecarts d’expérience relatifs à des services futurs
  • Effet des variations des taux de change
  • Autres variations.

Les effets de l’entrée en vigueur d’IFRS 17 se font donc déjà sentir dans la communication financière des assureurs pour le premier semestre 2023. Nul doute que les résultats annuels fourniront d’intéressants éléments complémentaires que nous ne manquerons pas d’analyser.